18 juillet 2008

Nouvelle fuite d'uranium signalée dans la Drôme

Source: Reuters


PARIS (Reuters) - Une fuite d'uranium, dont on ignore l'ampleur, a été signalée à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) jeudi par une usine franco-belge du groupe Areva, à Romans-sur-Isère (Drôme), apprend-on vendredi.

Areva assure qu'il n'y a aucune conséquence sur l'environnement. L'ASN ne se prononce pas. La fuite fait suite à la découverte le 7 juillet dernier d'une première fuite près de la centrale nucléaire de Tricastin, entre Drôme et Vaucluse.

La nouvelle fuite, constatée lors d'une opération d'entretien, durait depuis plusieurs années, reconnaît l'exploitant, la société FBFC, qui fabrique du combustible nucléaire à partir d'uranium.

L'ASN dit avoir constaté que la canalisation reliant un atelier de fabrication de combustible à une station de traitement n'était pas conforme à la réglementation.

Areva assure que la fuite est circonscrite au site et n'a "aucun impact sur l'environnement". L'entreprise propose de classer l'incident au niveau 1 de l'échelle internationale des événements, juste au-dessus du niveau zéro qui est le plus bas.

"Le dispositif de surveillance montre que cet incident n'a eu aucun impact sur l'environnement. La tuyauterie défaillante a été fermée par les équipes", explique Areva dans un communiqué.

L'ASN ne se prononce pas et annonce que des mesures vont être faites. L'usine franco-belge FBFC de fabrication de combustible a informé l'ASN jeudi vers 17h00.

Trois inspecteurs de l'ASN se sont rendus sur place et ont relevé que "la rupture de cette canalisation enterrée daterait, selon l'exploitant, de plusieurs années".

L'usine devait procéder vendredi au nettoyage de la zone contaminée, et l'ASN lui a demandé d'analyser la totalité des matériaux retirés pour évaluer les rejets en uranium.

"Les inspecteurs ont relevé la non-conformité de cette tuyauterie vis-à-vis des exigences de la réglementation applicable qui demandent une capacité de résistance aux chocs suffisante pour éviter toute rupture", ajoute l'ASN.

INSPECTIONS SUR TOUS LES SITES FRANCAIS

Le 7 juillet, une fuite était survenue à l'usine de retraitement Socatri, autre filiale d'Areva, sur le site de la centrale de Tricastin, après le débordement d'une cuve de rétention lors d'une opération de nettoyage.

Après cet incident, des taux anormaux d'uranium, qui semblent sans rapport apparent avec l'incident Socatri, ont été relevés dans l'environnement. Areva estime qu'il n'y a aucun rapport entre les deux affaires.

Des mesures conservatoires restreignant l'usage et l'accès à l'eau potable ont été prises à la suite du premier incident dans plusieurs communes et restent en vigueur.

La Socatri ayant pris plus de huit heures pour signaler l'incident à l'ASN, qui à son tour n'en a informé les autorités locales que six heures plus tard, l'affaire a suscité l'indignation des associations écologistes. Elles parlent de "rétention délibérée d'informations".

L'ASN a saisi la justice et Areva a annoncé jeudi le remplacement du directeur général de la Socatri. La présidente du directoire d'Areva, Anne Lauvergeon, s'est rendue à Tricastin et à FBFC vendredi.

Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a annoncé jeudi un contrôle des nappes phréatiques à proximité de toutes les centrales nucléaires françaises, qui produisent environ 80% de l'énergie électrique du pays.

L'association France nature environnement (FNE) ironise dans un communiqué sur le "Tour de France des accidents nucléaires" de l'ASN et estime que cette autorité n'est pas assez indépendante. La CGT a demandé dans un communiqué au Premier ministre d'organiser une "table ronde" sur la sûreté nucléaire.

A Bruxelles, Ferran Tarradellas, porte-parole du commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs, a déclaré que la Commission était en "contact étroit" avec les autorités françaises depuis l'incident de Tricastin et n'a pas exclu l'envoi d'inspecteurs sur les sites concernés.

Un système d'alerte européen oblige les Etats membres de l'UE à alerter leurs partenaires en cas de fuite radioactive qui risque d'avoir des conséquences sanitaires dans d'autres pays, comme la Slovénie l'a fait début juin.

Thierry Lévêque, édité par Gilles Trequesser

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