3 juillet 2008

La région Poitou-Charente fait construire un lycée zéro énergie fossile

Dans le cadre de sa politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la région Poitou-Charente construit à Poitiers un lycée qui n’utilisera aucune énergie fossile pour son chauffage et son électricité. Détail du projet.

© A.Zuga SarlAtrium du bâtiment principal

À la rentrée 2009, la région Poitou-Charente prévoit d’inaugurer le 1er lycée 100% énergies propres d’Europe à Poitiers, dans le quartier Saint-Eloi. Derrière ce slogan se cache un projet qui se veut exemplaire en termes d’efficacité énergétique, d’éco-construction et d’intégration paysagère. À l’heure où le baril de pétrole flambe, le lycée Kyoto apparaît de plus en plus comme l’exemple à suivre sur le plan de l’utilisation des énergies renouvelables et locales, explique la région.
Conçu par le cabinet d’architectes SCAU, en partenariat avec le bureau d’études Technip TPS et la société d’ingénierie environnementale CEDRE, le futur établissement de 16.500 m2 accueillera 500 élèves et apprentis des filières agricole et hôtelière. Baptisé Lycée
Kyoto, l’établissement sera organisé autour de plusieurs bâtiments : le bâtiment principal regroupant les salles de cours et les lieux de vie (bibliothèque, foyer des élèves, cantines, espace multimedia), les ateliers pour les travaux pratiques, les logements de fonction et l’internat.

Pour s’affranchir des énergies fossiles, les concepteurs du lycée ont cherché avant tout à réduire les besoins énergétiques des bâtiments. Ils ont pour cela privilégié le bioclimatisme avec gestion des apports solaires pour en bénéficier l’hiver et s’en protéger l’été et maximisation de l’éclairage naturel. Pour cela, les concepteurs prévoient la réalisation d’un atrium vitré et végétalisé qui constituera le cœur du bâtiment principal et régulera la température des lieux de vie attenants été comme hiver. La problématique du confort d’été a été la plus difficile à résoudre, nous avons donc énormément travaillé sur la conciliation entre apport de lumière naturelle et protection solaire contre l’échauffement, explique François Gillard, architecte du cabinet SCAU.

© A.Zuga Sarl
Maquette du projet


Pour limiter les déperditions énergétiques en hiver, l’enveloppe des bâtiments a été plus isolée que ce que n’exige la réglementation thermique 2005 (RT2005). Selon le type de bâtiment, l’isolation sera soit par l’extérieure soit intégrée mais les éventuels ponts thermiques ont tous été traités. L’inertie thermique a également été recherchée par la limitation des faux-plafonds et par la mise en place de plusieurs cloisons lourdes.
Autre point majeur : les équipements électriques et électroménagers utilisés seront tous faiblement consommateurs d’énergie.

Résultats, les besoins énergétiques des bâtiments devraient être minimes : 3 kwh/m² par an pour le chauffage et 1 kWh/m² par an pour l’électricité contre 90 kWh/m2/an de chauffage et 45 kWh/m²/an d’électricité dans un bâtiment classique répondant à la RT2005.
Pour fournir ces quelques kWh, les concepteurs n’ont pas fait appel aux énergies fossiles mais au solaire thermique pour la production d’eau chaude et au réseau de chaleur pour le chauffage des bâtiments bien que celui-ci soit raccordé à l’incinérateur d’ordures ménagères installé à proximité. Originalité de l’installation, une cuve de 1.000 m3 stockera en été les calories du réseau de chaleur produites par l’incinérateur pour les restituer en hiver.
Côté électricité 900 m² de panneaux photovoltaïques seront installés sur le bâtiment d’enseignement général et deux unités de cogénération de 25 kW électrique fonctionnant à l’huile végétale compléteront la production de chaleur et d’électricité.

Les maîtres d’ouvrage ont également mené une réflexion sur les matériaux de construction utilisés surtout pour leurs impacts sanitaires et leur recyclabilité mais également en termes de fonctionnalité, de qualité d’intégration et de pérennité des bâtiments. Résultats, du bois labellisé PEFC non traité et non lazuré sera utilisé en façade et en brises soleil ; la cellulose, le chanvre ou la fibre de bois serviront d’isolant, les pierres de soubassement seront de provenance locale et les peintures seront sans solvants.

L’intégration paysagère et la gestion des eaux pluviales sur le site a par ailleurs fait l’objet d’une étude à part entière. Le traitement du paysage a ainsi été favorisé dans une approche de type écosystème préservant et augmentant la biodiversité. La majorité des espaces herbeux seront en prairie et les toitures terrasse des ateliers seront végétalisées. La gestion des eaux pluviales et des eaux d’orages sera intégrée au paysage à travers un bassin de rétention des eaux pluviales de 200m2 enherbé, des noues fleuries ainsi que des fossés et des tranchées drainantes. Les eaux pluviales récupérées, puis stockées, seront ensuite réutilisées pour les espaces extérieurs ou les sanitaires.

Après plus de deux ans de réflexion et de concertation, les travaux ont commencé en novembre 2007 et devraient se terminer en décembre 2008. En attendant l’ouverture du lycée en septembre 2009, le site est régulièrement ouvert au public.

F.ROUSSEL
Site du projet
Publié sur Actu-environnement

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